L’ACGL fait le plein d’innovation : retour sur la Journée technologique du 6 juin

Plus de 80 personnes, une programmation internationale, des échanges stimulants et des démonstrations impressionnantes : la Journée technologique de l’ACGL a tenu toutes ses promesses, le 6 juin dernier, dans les lumineux locaux des Espace Waverly, à Montréal.

Dans un contexte où l’intelligence artificielle transforme à vitesse grand V les professions langagières, l’événement a permis de faire le point sur les avancées technologiques du secteur et sur leurs impacts concrets. Il a aussi rappelé l’importance de développer des compétences humaines qui resteront essentielles, peu importe l’évolution des outils.

Interprétation et IA : Canoë, une solution québécoise prometteuse

Premier invité de cette journée riche en contenu, Olivier Lepage, interprète et président d’América Interprétation, a fait le point sur les mutations du métier d’interprète depuis la pandémie. Le passage forcé aux modèles en ligne a accéléré l’adoption de solutions technologiques et ouvert la porte aux services d’interprétation par IA.

Olivier nous a présenté Canoë, une solution québécoise novatrice qu’il développe. Conçue pour rendre les services d’interprétation plus accessibles, notamment aux petites organisations, Canoë mise sur la simplicité d’utilisation et l’intégration de fonctionnalités avancées : reconnaissance automatique des langues, clonage vocal, adaptation aux langues autochtones et rares, et compatibilité avec des domaines de pointe. En démocratisant l’accès à l’interprétation, Canoë illustre comment l’IA peut compléter l’expertise humaine tout en répondant à des besoins concrets.

Lara : une IA novatrice qui tient compte du contexte

Le deuxième moment fort de la journée fut la présentation en première montréalaise de Marco Trombetti, président de Translated, venu nous parler de Lara, solution de traduction avancée.

D’emblée, Marco a rappelé que la langue est la manifestation la plus humaine de notre essence. Il a retracé l’évolution de l’architecture Transformer, conçue au départ pour la traduction, aujourd’hui au cœur de nombreuses applications d’IA.

Dans le domaine de la post-édition, l’un des indicateurs clés est le Time To Edit (TTE) : le temps requis par un humain pour réviser une traduction générée par l’IA. Ce temps ne cesse de diminuer depuis 2015, témoignant des progrès spectaculaires réalisés. Lara permet par ailleurs de contextualiser les traductions, un enjeu majeur. Ainsi, le mot « terre » ne sera pas traduit de la même manière selon qu’on évoque la planète ou un terrain de tennis. Offrir ce type de granularité permet des résultats de meilleure qualité.

Blackbird : l’automatisation au service du multilinguisme

Côté gestion de contenu multilingue, Dan Milczarski, VP Solutions chez Blackbird, a présenté une plateforme qui a valu à son équipe le prix de l’innovation 2024 à LocWorld.

Blackbird facilite l’automatisation des flux de travail en matière de traduction. Le système permet par exemple de détecter automatiquement un nouveau contenu déposé sur des plateformes comme Contentful ou Sharepoint, de le récupérer, de le traduire, de le réviser, puis de le livrer. Le tout via un processus fluide et entièrement automatisé.

L’interopérabilité est au cœur de cette approche : plus de 160 applications sont déjà compatibles, et ce nombre continue de croître. La démonstration en direct a permis de constater la puissance et la souplesse de cet outil, qui pourrait révolutionner la gestion de projets multilingues, en particulier pour les organisations traitant des volumes de contenu élevés.

L’enseignement de la traduction à l’heure de l’IA

Enfin, le panel sur l’évolution des programmes universitaires en traduction a suscité un vif intérêt. Animé par Antoine Raimbert, président du CA de l’ACGL, il réunissait Patrick Drouin (Université de Montréal), Christine York (Université Concordia), Maria Cordoba Serrano (Université McGill) et Alexandra Hillinger (Université Laval).

Face aux craintes suscitées par l’IA et à une certaine baisse des inscriptions, notamment chez les étudiantes et étudiants internationaux, le quatuor a livré un message nuancé et mobilisateur. Oui, les programmes doivent évoluer, mais l’objectif fondamental demeure : enseigner à traduire.

Développer le jugement critique, la capacité d’analyse, la lecture attentive des textes sources et les compétences rédactionnelles reste crucial. Les étudiants et étudiantes doivent également apprendre à évaluer et encadrer l’utilisation de l’IA dans leur pratique professionnelle.

Le message de Patrick Drouin a particulièrement résonné : même si l’avenir est incertain, les programmes de philosophie existent toujours, alors pourquoi en serait-il autrement pour ceux de traduction? Le défi est d’accompagner cette évolution avec des balises claires et une pédagogie adaptée, en veillant à préserver l’expertise humaine au cœur du métier.

Les temps forts en marge de la programmation

Au-delà des conférences et panel, cette Journée technologique fut aussi une occasion précieuse de réseautage et de découvertes. Les équipes de Druide, Consoltec et Alexa ont présenté leurs plus récentes innovations et tenu des kiosques d’information.

Des moments conviviaux ont permis de nourrir à la fois les esprits et les échanges. Et pour clore en beauté, le traditionnel cocktail Terminotix, servi sur la terrasse avec une vue imprenable sur Montréal, a offert un cadre idéal pour prolonger les discussions.

Conclusion

En résumé, cette édition 2025 de la Journée technologique de l’ACGL a montré que l’IA est aujourd’hui au cœur des évolutions dans le domaine linguistique, qu’il s’agisse de l’interprétation, de la traduction, de la gestion de contenu ou de la formation de la relève.

Mais elle a aussi rappelé que l’être humain reste irremplaçable. Ce sont nos compétences critiques, notre capacité à comprendre le contexte et à bien écrire qui feront toujours de nous les spécialistes de notre domaine.

L’ACGL a ainsi offert à toutes les personnes présentes une journée résolument tournée vers l’avenir, dans un climat d’ouverture et d’échanges. Il ne fait aucun doute que plusieurs y ont trouvé de l’inspiration et des outils pour relever les défis de demain.

 

 

Merci à Alexa Translations, Consoltec, Druide et Terminotix pour leur partenariat.